L’Union africaine identifie huit communautés économiques régionales (CER) en Afrique. Ces communautés poursuivent l’intégration régionale dans le but de développer les marchés et le commerce transfrontaliers, de libéraliser la circulation des personnes et d’améliorer la coopération en matière de développement des infrastructures, de gestion des douanes et des frontières, de réponse aux catastrophes naturelles et aux urgences sanitaires, de politiques, etc. L’intégration régionale rend les régions plus stables, plus pacifiques et plus sûres en atténuant les risques et en favorisant la cohésion socioculturelle.
«En jetant un coup d’œil à quelques-unes des régions qui ont le niveau le plus élevé en matière de commerce interrégional, on constate que ce sont les régions qui affichent une grande mobilité interrégionale ».
Cette année, une découverte frappante concernant les communautés économiques régionales d’Afrique est le rebond enregistré par la plupart d’entre elles après la pandémie ; cela s’explique par le fait qu’elles ont souvent inversé complètement les récentes restrictions qui avaient affecté leur ouverture sur les visas. Cependant, les changements récents dans les notes ne peuvent pas toujours être attribués uniquement à la pandémie.
En moyenne, l’ouverture des régimes de visa dans les CER d’Afrique a sensiblement progressé entre 2021 et 2022, six CER sur huit ayant amélioré leur note moyenne. Cette évolution se reflète dans les conclusions de l’IOVA, 2022 : dix pays ont amélioré leur note entre 2021 et 2022, 40 ont maintenu leur note et seulement quatre pays ont vu la leur baisser. En outre, dans plusieurs pays, la pandémie a déclenché les progrès attendus de longue date en matière de liberté de circulation. À titre d’exemple, certains pays ont simplifié les procédures de visa et d’autres ont opté pour le visa électronique.
En résumé, la note moyenne de toutes les régions combinées est plus faible en 2022 qu’en 2019, année prépandémique, ou qu'en 2020, année où la COVID-19 a atteint l’Afrique. Cependant, cinq des huit régions obtiennent tout de même une note plus élevée en 2022 qu’en 2019. Il s’agit d’une performance appréciable en gardant à l’esprit les effets défavorables de la pandémie.
« La libre circulation des personnes est un pilier essentiel du commerce régional et de l’intégration économique, car elle facilite le commerce des biens et des services et l’industrialisation, contribuant ainsi au développement socio-économique et à la réduction de la pauvreté. Les commerçants et les prestataires de services peuvent livrer leurs produits sur le terrain et les clients peuvent rendre visite à leurs fournisseurs à l’étranger. »
L’ouverture sur les visas est une composante importante des objectifs des communautés économiques régionales en matière d’intégration régionale. Bon nombre des objectifs et avantages de l’intégration régionale ne peuvent se concrétiser que lorsque les personnes peuvent se déplacer à travers les frontières sans difficulté et à moindre coût. La circulation des personnes est non seulement étroitement liée à l’intégration sociale, mais elle est également essentielle à la fourniture de services transfrontaliers et au commerce régional de marchandises, qui sont tous deux des éléments importants de l’intégration économique régionale et de l’augmentation des revenus des citoyens africains.
Les pages suivantes de ce rapport présentent les notes IOVA des communautés économiques régionales, calculées sur la base des notes individuelles des États membres, et analysent l’ouverture des régimes de visa région par région. Les résultats révèlent la mesure dans laquelle chaque communauté régionale, vue de manière comparative, encourage la libre circulation des personnes. Les résultats sont contextualisés à la lumière des classements individuels des pays dans l’indice panafricain.
Un aspect intéressant de l’ouverture sur les visas au sein des communautés économiques régionales est la réciprocité régionale. La réciprocité est une mesure des régimes de visa en place entre les États membres d’une communauté économique régionale donnée. Elle fait référence à l’ouverture sur les visas de chaque État membre par rapport à tous les autres États membres de la même communauté.
Certaines communautés économiques régionales pratiquent davantage la réciprocité en matière de visas que d’autres, c’est-à-dire qu’elles s’accordent mutuellement des conditions de voyage plus favorables qu’aux pays non membres – par exemple en autorisant les citoyens de l’autre pays à se rendre sur leur territoire sans visa, ou en leur permettant d’obtenir un visa à l’arrivée au lieu de les obliger à obtenir un visa avant leur départ. Dans d’autres communautés économiques régionales, en revanche, il n’y a pas ou presque pas de mesures de réciprocité régionales en place. Ainsi, les États membres se classent parfois beaucoup plus haut sur l’échelle de l’IOVA (l’échelle continentale) que ne le suggèrent leurs notes de réciprocité régionale. Cela peut révéler qu'ils sont plus accueillants envers les citoyens de pays extérieurs à leur bloc régional qu’envers les pays qui en font partie.