Préface

 

Le fait que les Africains continuent d’avoir besoin de visas, dans la majorité des cas, pour entrer dans d’autres pays africains est l’une des contradictions les plus profondes aux aspirations du continent en matière d’intégration régionale. Dans cette neuvième édition de l’IOVA, la BAD et la Commission de l’Union africaine (CUA) s’associent pour présenter un ensemble de résultats mitigés. D’une part, certains pays ont progressé, et d’autre part, on observe une régression dans les classements. La situation et les performances des pays membres des communautés économiques régionales (CER) reconnues par l’UA sont évaluées. Une caractéristique unique de ce rapport est l’étude de la question des autorisations de voyage électroniques (AVE) qui, contrairement à leur intention, ressemblent aux caractéristiques d’un visa. Le rapport fait également le point sur les nouvelles possibilités de mobilité dans le cadre de l’Accord portant création de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) et examine l’état d’avancement du Protocole sur la libre circulation des personnes (PFMP). 

Une chose est claire : l’Afrique ne répondra pas à ses aspirations en matière de développement en l’absence de régimes favorisant la mobilité sur le continent. Pensez au tourisme. Il n’y a pas un seul pays qui ne souhaite pas récolter les dividendes du tourisme, étant donné que le continent regorge de certaines des attractions les plus historiques. Pourtant, les restrictions en matière de visas empêchent les Africains de contribuer aux recettes touristiques des autres pays. En ce qui concerne l’industrialisation, alors que le continent cherche à construire les unités de production qui tireront parti de la ZLECA, il est impératif que les citoyens africains puissent se déplacer – non seulement pour apporter des compétences dans la gestion de ces opérations, mais aussi pour profiter des emplois qui seront créés. Il s’ensuit donc que la création de conditions facilitant la circulation des Africains à travers l’Afrique est dans l’intérêt bien compris du continent. 

Bien que des progrès aient été accomplis depuis la première édition de l’IOVA, nous sommes loin d’avoir atteint notre objectif. La bonne nouvelle, c’est qu’il existe une base solide sur laquelle s’appuyer. De nombreuses CER d’Afrique ont réalisé des avancées significatives dans une approche de la circulation fondée sur les droits : le droit d’entrer, de résider et de s’établir. Cela devrait nous inspirer et nous faire comprendre que c’est possible – et que cela peut fonctionner. Il convient également de noter que les Africains se déplacent. Les études montrent que les Africains sont plus nombreux à quitter leur pays pour un autre pays africain qu’à quitter le continent. Il est donc d’autant plus urgent de trouver des solutions efficaces, plus sûres et plus ordonnées. 

Je suis persuadé qu’une mobilisation adéquate en faveur de la circulation sans visa permettra d’obtenir de meilleurs résultats. Ce rapport est une contribution dans cette direction.

Dre Joy Kategekwa
Directrice
Bureau de coordination de l’intégration régionale
Groupe de la Banque africaine de développement