La réciprocité régionale mesure le degré d’alignement des régimes de visa des différents États membres d’une CER les uns par rapport aux autres. La réciprocité en elle-même mesure uniquement l’alignement bilatéral des politiques en matière de visa au sein d’une CER et non pas l’ouverture des régimes de visas. Une note de réciprocité élevée indique donc que les politiques en matière de visa entre les membres d’une CER sont largement harmonisées, tandis qu’une note faible indique que les politiques en matière de visa sont largement inadaptées. Cet alignement peut concerner la réciprocité des politiques d’exemption de visa, mais mesure également l’alignement des politiques en matière de visa à l’arrivée et de visa requis avant le voyage. Le présent rapport est axé sur la manière dont les membres des CER étendent les politiques d’exemption de visa les uns aux autres sur une base réciproque.
Une note élevée dans l’indicateur de réciprocité en matière d’exemption de visa est donc révélatrice d’un degré élevé d’harmonisation des politiques d’exemption de visa au sein d’une CER. Les pays sont généralement ouverts aux arrivées de leurs ressortissants respectifs et permettent un accès facile, sans qu’il soit nécessaire d’obtenir un visa. Les notes élevées pour cette variable tendent à refléter non seulement des politiques régionales sur la libre circulation des personnes au sein des CER, mais aussi des niveaux élevés d’adoption et de respect de ces protocoles. Les CER qui obtiennent des notes élevées tendent également à être bien intégrées sur le plan économique.
Les faibles notes de réciprocité résultent d’un manque d’harmonisation des politiques en matière de visa, un pays pouvant exiger un visa à l’arrivée, tandis que l’autre propose une entrée sans visa. Ou, lorsque les deux pays exigent un visa, mais que l’un propose un visa à l’arrivée tandis que l’autre exige de ses ressortissants qu’ils fassent une demande de visa avant le voyage. De tels scénarios indiquent l’absence d’un cadre de politiques régionales sur la circulation des personnes, une mauvaise adoption, ou des problèmes spécifiques sous-jacents dans les relations bilatérales de ces pays.
Les notes ci-dessus reflètent la réciprocité positive globale (sans visa) au sein des CER respectives : la mesure dans laquelle les États membres accordent aux ressortissants des autres États membres un accès sans visa sur une base réciproque. Dans l’ensemble, le niveau de réciprocité en matière d’exemption de visa a légèrement diminué, passant de 21 % en 2023 à 20,3 % en 2024. Au sein des CER, la réciprocité est généralement beaucoup plus élevée, allant de 99 % (CEDEAO) à 14 % (IGAD).
La CEDEAO (99 %) reste le chef de file en matière de réciprocité sans visa et s’est légèrement améliorée par rapport à 2023, bien que les développements politiques restent une source de préoccupation.
L’UMA (70 %) a enregistré une amélioration significative de la réciprocité en matière d’exemption de visa (2023 : 60 %).
La SADC (60 %) enregistre une note inchangée au titre de la réciprocité en matière d’exemption de visa, avec une légère amélioration de l’indicateur relatif à l’obligation de visa (moins de scénarios d’exigence de visa avant le voyage).
La CAE (54 %) enregistre une note inférieure (2023 : 71 %), principalement en raison de la Somalie (membre à part entière de la CAE depuis début 2024) qui exige un visa à l’arrivée pour tous les voyageurs. Autrement, la région aurait conservé une note inchangée au titre de la réciprocité en matière d’exemption de visa.
La CEN-SAD (34 %) connaît une légère amélioration de la réciprocité en matière d’exemption de visa (2023 : 32 %), moins d’États membres exigeant désormais un visa de leurs citoyens respectifs avant tout voyage.
La CEEAC (33 %) enregistre une légère amélioration de la réciprocité en matière d’exemption de visa (2023 : 31 %) à la suite d’une diminution des cas où les visas sont exigés avant le voyage.
Le COMESA (17 %) présente une réciprocité plus faible en matière d’exemption de visa (2023 : 21 %), ainsi qu’une légère baisse de la réciprocité en matière de visa à l’arrivée.
L’IGAD (14 %) enregistre une plus faible réciprocité régionale en matière d’exemption de visa et des notes plus élevées pour la réciprocité en matière de visa à l’arrivée au sein de la CER, ainsi qu’une réciprocité inchangée en matière d’obligation de visa.
Les graphiques sur la réciprocité des visas présentés dans cette section illustrent la mesure dans laquelle les trois types de politiques de visa mesurés par l’IOVA (exemption de visa, visa à l’arrivée et visa avant le voyage) font l’objet d’une réciprocité entre les États membres des huit CER reconnues par l’UA. Les graphiques classent les pays par ordre décroissant d’ouverture réciproque en matière de visas : en tête figurent les pays dont les politiques d’exemption de visa sont les plus réciproques au sein de la CER.
Les classements des pays dans les graphiques sur la réciprocité ne sont pas liés aux classements des pays au titre de l’IOVA. Ils ne reflètent pas non plus nécessairement l’ouverture moyenne des régimes de visa des CER de chaque pays. Ils montrent plutôt dans quelle mesure les politiques en matière de visa des pays – qu’elles soient libérales ou restrictives – font l’objet d’une réciprocité de la part des autres États membres de leur CER.
Si un pays est bien classé au titre de l’IOVA, mais enregistre un faible niveau de réciprocité en matière d’exemption de visa au sein de sa CER, cela peut s’expliquer par le fait que sa CER n’a pas développé de structure pour harmoniser les politiques en matière de visa de ses membres, ou que le pays ne met pas en œuvre la politique convenue. Il se peut également que les autres membres de la CER du pays n’accordent pas la même réciprocité à la position du pays en matière d’ouverture des régimes de visas.