Les conflits à l’intérieur de certains pays et entre pays continuent de peser lourdement sur la circulation des personnes, soit en les obligeant à des déplacements, soit en refusant ou en restreignant leur circulation à travers les frontières internationales. En réponse aux conflits, les frontières se ferment souvent complètement ou mettent en œuvre des mesures de sécurité supplémentaires, parfois unilatérales et ad hoc, en réponse à un conflit local ou à un changement de régime politique. Les points de contrôle militaires ad hoc le long des itinéraires de voyage entravent la facilité de déplacement et sont une réalité vécue dans différentes parties du continent.
En Afrique de l’Ouest13, au cours des dernières années, des changements de régime inconstitutionnels ont eu lieu au Mali, au Burkina Faso, au Gabon et au Niger. Ailleurs, au Soudan par exemple, le conflit a entraîné le déplacement de millions de personnes, dont beaucoup ont traversé la frontière pour se réfugier au Tchad. L’évolution de la situation sécuritaire le long des frontières du Soudan avec le Tchad, l’Érythrée et l’Éthiopie a considérablement réduit la circulation régulière des personnes. La situation sécuritaire le long de la frontière entre le Rwanda et la RDC reste également préoccupante.
La recherche note que de 2022 à 2023, il y a eu des poussées de conflit dans certaines parties de l’Afrique de l’Ouest. Cette situation doit être replacée dans le contexte de la dégradation de la situation en matière de sécurité au cours des dernières années et de l’extension du conflit à des régions d’Afrique de l’Ouest qui n’étaient jusqu’alors guère touchées par cette évolution. Une partie du conflit a également dépassé les frontières nord de plusieurs pays côtiers d’Afrique de l’Ouest. Ces développements cumulés restent des obstacles à la circulation des personnes dans plusieurs régions d’Afrique, avec un risque réel de contagion dans l’ensemble de la région.
La décision annoncée par le Burkina Faso, le Mali et le Niger de se retirer de la CEDEAO et de former l’Alliance des États du Sahel (AES) entraîne des conséquences sur la circulation et le commerce dans la région. Aux côtés de cinq autres États membres de la CEDEAO, ces trois pays font également partie de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), la zone monétaire commune qui soutient fortement les liens commerciaux et l’intégration économique régionale. Aucun des États de l’AES ne dispose d’un accès direct aux installations portuaires, en d’autres termes, ces trois pays dépendent de leurs voisins régionaux.
13 Radil, S. M. et O. J. Walther (2024). « Appréhender les dynamiques locales des conflits en Afrique du Nord et de l’Ouest », Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (CSAO/OCDE), Notes ouest-africaines, n° 42, Éditions OCDE, Paris